Gouache et aquarelle 1973 – 81
SUR LA LUMIÈRE
Le soleil est le signe de la réalité. Si on le voit rarement sa présence se fait partout sentir par le jeu des ombres. L’ombre est fugitive. Elle marque les minutes. Il me semble que Cézanne, qui peignait dans les pays ensoleillés, ne s’en souciait pas. Sans doute parce qu’il visait l’éternité. Peut-être c’est justement le manque d’ombre qui détache le paysage de la nature et purifie la construction pour en faire une «cosa mentale» – et bientôt une abstraction (en d’autres mains, il est vrai).
Si l’absence d’ombre marque une éternité irréelle, sa présence souligne une immédiateté palpable. Ce qui, dans les compositions narratives, renforce la capture du spectateur et son embrigadement dans l’action. En effet, l’ombre portée fait croire à l’existence de la chose peinte (les peintres métaphysiques et surréalistes l’employaient pour faire croire en leurs rêves les plus fous). Mais ici l’astre qui les éclaire est terrible et ne bouge plus. Les Dali sont des cauchemars éternels.
RM